Dans le cadre du Pacte Vert et pour faire face aux enjeux du changement climatique, la Commission européenne a proposé le 30 mars un plan d’action pour une l’économie circulaire.
Mais qu’est-ce que l’économie circulaire ?
L’Union européenne ambitionne de réduire son empreinte carbone de 55 % d’ici 2030 et de devenir le premier continent neutre en carbone d’ici 2050. Mais, on sait déjà qu’il ne sera pas possible d’atteindre ces objectifs si nous ne passons pas à un autre mode de consommation et de production.
La Commission européenne ambitionne avec cette proposition de mettre fin au modèle linéaire, à savoir : extraire, fabriquer, consommer, jeter. Aujourd’hui, comme le précise Franz Timmermans, le Commissaire européen à l’environnement, seulement 12% des matières et des ressources sont issues de la collecte, du tri et du recyclage. De nombreux produits cessent de fonctionner trop facilement, ne peuvent être réutilisés, réparés ou recyclés ou sont conçus pour un usage unique.
En encourageant le passage vers une économie circulaire, l’UE souhaite mettre en place un système de production et de consommation qui vise à mieux utiliser les ressources tout au long du cycle de vie d’un bien pour en réduire l’emprunte environnementale. Cela nécessite donc de concevoir des produits plus durables, réparables et recyclables.
Que prévoit le plan d’action de l’UE en faveur de l’économie circulaire ?
Aujourd’hui, l’UE fixe déjà des exigences environnementales minimales dans le cadre de la Directive écoconception pour certains produits ou secteurs. Tout le monde connait par exemple les étiquettes énergies sur les réfrigérateurs ou sur les ampoules avec la classification de A à G qui permet de savoir si le produit est gourmand en énergie. On estime que ces règles d’écoconception et d’étiquetage auront déjà permis de réduire de 10% la consommation annuelle d’énergie pour les produits concernés.
C’est ce qui explique que dans cette proposition, la Commission européenne poursuit la même approche en élargissant la liste des produits concernés et en renforçant encore plus ces exigences qui ne viseront plus seulement l’efficacité énergétique.
Ainsi, une part importante de la proposition législative est axée sur la conception du produit qui détermine jusqu’à 80% de son incidence environnementale. Elle fixe ainsi de nouvelles exigences visant à rendre les produits plus durables, fiables, réutilisables, réparables, facile à rénover et à recycler, et efficace sur le plan de l’énergie et des ressources.
Ce texte fixe ainsi de nouvelles règles en matière d’information notamment via un « passeport numérique » qui permettra aux différents professionnels (fabricants, distributeurs, réparateurs, recycleur) d’avoir accès à toutes les informations et caractéristiques essentielles du produit pour prolonger sa vie ou faciliter la réutilisation des matériaux.
Quant aux consommateurs le texte prévoit de nouvelles exigences d’étiquetage qui indiqueront notamment un score de réparabilité adossé au label énergétique. Ainsi, les exigences relatives à l’information concernant les produits permettront aux consommateurs de connaître les incidences de leurs achats sur l’environnement.
L’objectif avec cette proposition est donc de verdir la production de quasiment tous les biens qu’ils soient fabriqués en Europe ou ailleurs. Sont ainsi concernés par ce texte : les smartphones, les pneus, les matelas, les matériaux de construction et même les vêtements.
Que changera cette réglementation sur la consommation de vêtements ?
L’exemple de l’industrie textile est particulièrement éclairant sur les conséquences de la « fast fashion ». En Europe, la consommation de vêtements, dont la plupart sont importés, représente aujourd’hui le quatrième impact négatif le plus important sur l’environnement et le changement climatique. Selon la Commission européenne, chaque année, un Européen achète en moyenne 26 kg de vêtements et en jette 11 kg. Qui plus est, moins de 1 % de la production textile est recyclée et jusqu’à 35 % des microplastiques relâchés dans l’environnement viennent de vêtements fabriqués avec du polyester ou de l’acrylique.
L’une des piste pour rendre la consommation de textile plus vertueuse serait que chaque vêtement ait un QR code, qui permettent de tracer le vêtement et indiquerait comme un « nutriscore » sa performance environnementale comme la quantité de de fibres recyclées, le taux de microfibre plastique, la durabilité (nombre de lavage par ex.)
La négociation de ce paquet législatif avec le Parlement européen et les Etats membres devrait débuter cette année encore. La Commission européenne espère son adoption pour 2024 avec pour objectif d’économiser d’ici 2030 132 Mega tonne d’équivalent pétrole, soit environ 150 milliards de m3 de gaz, ce qui équivaut pratiquement aux importations de gaz russe par l’UE.
Fréquence Europe est une chronique européenne réalisée par Radio Judaïca et le Centre Europe Direct de Strasbourg.
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