Ernest Bevin, Secrétaire d’État des Affaires étrangères du Royaume-Uni, 1949.
Strasbourg, capitale européenne depuis 1949…
« Assemblée parlementaire » à partir de 1994), l’organe délibérant du Conseil, composé de représentants parlementaires de chaque État membre, élus ou désignés par les parlements nationaux. Ces deux organes sont assistés par un Secrétariat Général, situé à Strasbourg.
A partir de 1950, l’action du Conseil de l’Europe va se concrétiser avec l’adoption d’un traité international d’une importance sans précédent, la Convention de Sauvegarde des Droits de l’Homme et des Libertés fondamentales, dite « Convention européenne des Droits de l’Homme ». Cette Convention définit les droits et les libertés que les États signataires s’engagent à garantir à tout individu relevant de leur juridiction allant du droit à la vie à la liberté d’expression en passant par l’interdiction de la torture ou encore l’interdiction de discrimination.
La Convention européenne des Droits de l’Homme a la particularité de ne pas se contenter de définir des droits et des libertés fondamentaux, elle met également en place un dispositif de contrôle chargé de veiller au respect effectif de ces droits par les États signataires. Trois institutions se partageront alors la responsabilité de ce contrôle : la Commission européenne des Droits de l’Homme (mise en place en 1954), la Cour européenne des Droits de l’Homme (instituée en 1959) et le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe. La Commission a essentiellement en charge de « filtrer » les demandes soumises, tandis que la Cour se prononce sur les affaires concrètement. Le Comité des Ministres quant à lui est notamment investi d’une mission de suivi du respect des engagements pris par les États membres. En raison de la multiplication des requêtes et l’allongement de la durée des procédures, une Cour unique et permanente (la Cour européenne des Droits de l’Homme) a finalement été instaurée en 1998 en remplacement de la Commission européenne des Droits de l’Homme et de la Cour initiale.
Les premiers États membres du Conseil de l’Europe étaient d’ailleurs tout à fait libres de ratifier ou non la Convention européenne des droits de l’Homme qui est entrée en vigueur en 1953. Au fil du temps, un consensus s’est finalement dégagé au sein du Conseil en faveur de l’idée que l’appartenance à l’organisation devait aller de pair avec l’acceptation de toutes les dispositions de la Convention et la Convention finira donc par s’imposer à tous les membres signataires.
La première session du Comité des Ministres du Conseil de l’Europe se tiendra à l’Hôtel de Ville de Strasbourg le 8 août 1949 et la première session de l’Assemblée consultative est organisée au Palais Universitaire deux jours plus tard, le 10 août 1949, mais la capitale alsacienne se lancera dès 1949 dans la construction d’une vraie « Maison de l’Europe » face au Parc de l’Orangerie afin d’y accueillir – de manière provisoire – la première organisation intergouvernementale fondée en Europe après la fin de la deuxième guerre mondiale.
Le Parlement européen, passé de 78 représentants des six pays signataires en 1951 à 434 députés avec l’adhésion de la Grèce en 1981, va quant à lui investir de nouveaux locaux (bâtiments Winston Churchill et Salvador de Madariaga) à partir des années 80. Le Conseil de l’Europe continuera cependant encore à partager ses locaux avec le Parlement européen jusqu’en 1999.
D’autres bâtiments d’organismes à vocation européenne vont se rajouter. En face du Palais des Droits de l’Homme, l’immeuble Louise Weiss, le nouveau bâtiment du Parlement européen, sera inauguré par Jacques Chirac en 1999. La mise en service de ce bâtiment a dans une certaine mesure réussi à mettre une mise au point provisoire à la bataille autour du siège du Parlement, ranimée régulièrement depuis les années 50. Les accords d’Edimbourg de décembre 1992 avaient certes cherché à confirmer la localisation strasbourgeoise de l’Assemblée parlementaire mais la construction à Bruxelles de l’Espace Léopold et la multiplication des mini-sessions dans la capitale belge avait continué à alimenter le débat. Lors de la conférence intergouvernementale de 1997, la France a finalement présenté un amendement visant à fixer le siège des différentes institutions européennes « une fois pour toutes ». Le traité d’Amsterdam comprend ainsi un protocole sur la fixation du siège des institutions qui confirme officiellement la localisation du Parlement européen à Strasbourg.
Depuis la construction de la Maison de l’Europe face au Parc de l’Orangerie, le quartier européen de Strasbourg n’a cessé de s’agrandir. Le nouveau bâtiment de la Direction européenne de la Qualité du Médicament, organe du Conseil de l’Europe, a été inauguré au mois de mars 2007 et l’Agora, le nouveau bâtiment administratif du Conseil de l’Europe d’une surface de 22 000 m², a vu le jour en 2008.
En mai 2014, le Lieu d’Europe, lieu d’éducation à la citoyenneté européenne qui a pour vocation de faire connaître l’Europe aux citoyens et de renforcer leur sentiment d’appartenance à une communauté de valeurs, a ouvert ses portes au public. Dans ce bâtiment se trouve également le Centre d’Information sur les Institutions Européennes (CIIE).
Enfin, le quartier européen de Strasbourg s’est vu décerner, en décembre 2015, le Label du Patrimoine Européen. Ce label, créé en 2007 par la Commission européenne, met en avant la dimension européenne de biens culturels, de monuments, de sites naturels ou urbains et de lieux de mémoire, témoins de l’histoire et de l’héritage européen. Il valorise le rôle que ces sites ont joué dans l’histoire européenne et les activités proposées dans le but de rapprocher les Européens de leur histoire commune et de l’Union européenne. A Strasbourg, cette labellisation met à l’honneur la construction européenne qui a marqué à jamais l’histoire de la ville et qui lui a offert une nouvelle vocation : celle d’une capitale européenne.